Articles de tradition

VOCATION DE L’AMICALE CP
(GCCP – CPC – CPIMa – CAPIMa – 6ème CPIMa)

 
Relevant le 18ème BIP en 1948 à Brazzaville, en AEF et au Cameroun de cette date à 1958, puis dans cette même zone d’ Afrique centrale francophone jusqu’à sa dissolution en 1975, en passant brièvement par Bouar pour finir à Fort-Lamy, le GCCP d’AEF, devenu CPC d’AEF en 1957, puis CPIMa d’AEF en 1958, renommée CAPIMa en 1963 et enfin 6° CPIMa en 1964, avec un effectif de quelques 150 hommes et de modestes appuis aériens, s’est illustrée en tant que gardien vigilant de cette région d’Afrique d’une superficie de près de 3 millions de Km², y assurant pleinement la souveraineté et les intérêts de la France, tout en aidant au maximum les populations villageoises.

Pour mener à bien cette vaste mission, elle y a payé un lourd tribut, soit 27 morts et 52 blessés au combat, d’abord au Gabon en 1964, mais la quasi totalité lors de la première intervention au Tchad, dans la période s’étalant d’août 1968 à juillet 1972.

Son action, dans ces années agitées «  post-1968 », pour des raisons politiques du moment (décolonisation – antimilitarisme- gauchisme – etc.), a été tue et le sacrifice de ses hommes occulté.

Cette Amicale a été créée afin de recenser tous les éléments des actions de notre unité, pour édifier sa mémoire, pour honorer nos Paras et autres Combattants français touchés dans leur chair, et pour faire connaître cet épisode douloureux à nos concitoyens.

L’oubli de ces actes militaires courageux n’a pas touché que notre unité. En effet, ceux des Frères d’Arme de l’Armée de Terre (Légion, TDM, 17° RGP), de la Marine (33 F), de l’Armée de l’Air (Nord 2501 – C160 Transall – AD4 Skyraider – H34 Sikorsky), des services, et ceux détachés à l’AMT (Assistance Militaire Technique) ont subi un sort identique.

C’est pourquoi l’Amicale s’est donné un cadre d’amitié et de souvenir qui dépasse la simple CPIMa et veut aussi fédérer tous ceux ayant directement ou indirectement participé, entre 1969 et 1972, à ces durs engagements militaires et à l’encadrement des forces de sécurité tchadiennes.

Le 1° RPIMa et le 8° RPIMa sont les deux régiments des TDM qui ont fourni dans leur grande majorité les effectifs de la CPIMa au Tchad. Leurs «  Anciens » sont attendus naturellement chez nous.

Entre les Gens d’Honneur, Parole vaut Serment

Les objectifs de l’Amicale qui ont été approuvés le 22 octobre 2000 reposent sur la culture de l’amitié. L’égalité, la fidélité et la générosité devraient donc prévaloir entre Frères d’Armes : le tutoiement pourrait même être le signe respectueux du lien qui nous unit.

Pas de soldat inconnu parmi nous ! Que chaque membre se sente lié par un code d’honneur imposant à tous des vertus civiques : dévouement, tolérance, loyauté et probité. Personne ne devra être fâché que son ami lui fasse du bien !

Par ses suffrages plébiscitaires, l’Amicale m’a honoré de sa confiance et m’oblige à être son premier serviteur et son éclaireur. Je n’attends des Eléphants aucune indulgence mais je fais appel à toutes les bonnes volontés pour m’aider.

Mon souhait le plus cher est que chacun de vous apporte sa contribution bienfaisante, non seulement en espèces, mais aussi en nature, par ses talents et ses souvenirs, afin d’étoffer et nourrir des structures encore fragiles mais indispensables à l’ambition de notre épanouissement selon la très belle définition de Voltaire : « L’amitié est un contrat entre des personnes sensibles et vertueuses. »

Claude Bouvinet

Le 11 décembre 1997, à l'Ecole Nationale des Sous-Officiers d'Active (ENSOA) de Saint-Maixent, se déroule une magnifique cérémonie dédiée au baptême de la promotion " Sergent-Chef Dimitri Voronine ", tué au combat dans une embuscade à Bedo (nord du Tchad), le 11 octobre 1970. En cette occasion, 13 anciens de l'unité invités par l'Ecole se retrouvent après plus 27 années. Fortement émus par la reconstitution en son et lumière de ce combat , ils décident de raviver la mémoire de l'unité. Le capitaine Bernard ALEXANDRE se charge des premières recherches des Anciens de la compagnie (dissoute en 1975).

Le 10 octobre 1998, le général Jacques ROSIER, commandant le GSA (Groupement Spécial Autonome ) et ancien chef de commando à l'unité, nous reçoit dans ses quartiers. Une quarantaine d'Anciens répondent présent. L'aventure continue...

Le 22 octobre 2000, une centaine d’anciens de l’unité, réunis dans la Citadelle de Bayonne, décident de ressusciter la « CP » en créant l’Amicale des Anciens de la Compagnie Parachutiste d’Infanterie de Marine (1948-1975).

C'est le Serment de Bayonne qui donnera à la future Amicale son style, si particulier....

HISTOIRES D’ÉLÉPHANTS

C’est vrai que son air balourd donne l’impression d’être peu vivace ; mais sa puissance et son intelligence ont fait de lui une arme redoutable dans les batailles.

L’entraide et l’affection font qu’ils ont un sens social très développé. À cette solidarité s’ajoute une grande fidélité à sa famille d’origine. De par sa grande taille, la gourmandise de l’éléphant va jusqu’à manger les fruits orangés du chêne mugongo, fortement alcoolisés sous l’action du soleil. Ces animaux adorent se sentir un peu « saouls » et dorment debout les yeux mi clos et les pattes vacillantes. Ce sont de bons vivants.

L’éléphant a souvent été utilisé pour les batailles et cela bien des siècles avant JC ; Darius, Alexandre le Grand, Antiochus 1^er Soter, Ptolémée Philopator, les Romains, Hannibal … Le dernier troupeau connu est celui des « Éléphants noirs ».

Le dernier WE de juin, les « Éléphants noirs » se sont retrouvés à Bayonne et durant 48 heures les mains se sont serrées, les embrassades et les tapes amicales se sont multipliées. Joyeuse ambiance de soldats qui ont un vécu commun et des souvenirs très forts.

Plus les années passent, plus les rangs s’éclaircissent, mais aucun n’a disparu de la mémoire des éléphants. Ce qui m’a rendu triste, c’est que j’ai vu plus de cannes, de chaises roulantes que l’an dernier. Et ceux qui souffrent dans leur chaire de maladies terribles, avec dignité et courage, comme autrefois en brousse et dans le B.E.T.

Et puis, le dépôt de gerbes devant la plaque de nos morts au combat, moment de recueillement court et intense suivi du chant de l’Amicale : « Loin de chez-nous » entonné la gorge un peu serrée. Mais comme disait un de nos lieutenant (J. Neau) : « Rien n’est plus jeune qu’une vieille chanson ».

                                                                                                Jacky Heim