Cher Eléphant Noir,
Hier nous avons déposé une gerbe au monument aux Morts de Carcassonne .
Etaient présents les Audois et Tarnais et quelques sympathisants de l'amicale du 3 ° RPIMa, le président de UNP Aude et l'OSA du"3".
Je remercie vivement le colonel Février qui nous a permis de déposer la gerbe; Régis Burger le président des gardes-drapeaux de Carcassonne et l'amicale du "3" qui nous a ouvert son local pour notre pot.
Avec pour clore notre rassemblement une collation gérée de main de maître par Thierry Ferragu et Michel Mai.
Les Eléphants Noirs les remercient
Avec toute mon amitié , le président.
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Texte lu lors du dépôt de gerbe
Chersamis,
Aujourd’hui nous accomplissons notre devoir de mémoire. Un devoir de mémoire qui pour nous les anciens est fondamental.Aux plus jeunes d’entre nous, reviendra bientôt ce devoir de perpétuer la mémoire, de reprendre le flambeau. Car le souvenir s’éloigne à mesure que les témoins se font plus rares et bientôt, eux seuls pourront empêcher que la flamme ne s’éteigne.
En effet, la guerre d’Indochine a été évacuée des mémoires des jeunes Français, la guerre d’Algérie en passe d’être oubliée est calomniée. C’est une souffrance qui pour les anciens d’Indochine et d’Algérie s’est surajoutée à toutes leurs souffrances : la non-reconnaissance des sacrifices consentis, et surtout l’oubli des morts. Se souvenir des morts est pourtant une injonction de fraternité ; c’est aussi un devoir. Ces anciens d’Indochine et d’Algérie nous ont formés. Ils nous ont instruits et ils nous ont fait rêver de leur épopée. Aussi ils resteront gravés à jamais dans notre mémoire et nous inclinons devant les morts pour la France dont les noms sont inscrits sur ce mémorial.
Face à ces glorieux combattants nous n’avons pas à rougir . Nous n’avons pas démérité ; ils nous avaient bien formés.
Cher Éléphant Noir, souvenons-nous il y a 52 ans.
Unité élémentaire de réserve générale avec un effectif de quelque 150 hommes ( 4 Commandos dont un commando issu du 8ème RPIMa) la CPIMa a mené, de 1969 à 1972, de durs combats dans un rythme d’opérations effréné. Pour assurer la mission, sur un territoire d’une superficie de deux fois la France, la 6ème CPIMa a payé un lourd tribut : 26 morts ( 2 officiers, 4 sous-officiers, 20 parachutistes) et plus de 56 blessés au combat. Ces Morts et ces blessés seront totalement oubliés. Pas d’honneur militaire en métropole, les corps seront rendus discrètement aux familles ; et les blessés seront oubliés. Le combat le plus mémorable et meurtrier de la CPIMa, et vraisemblablement de l’Armée française depuis 1962, aura lieu dans la région de Bedo. Au retour d’une opération infructueuse, le 11 octobre 1970, la compagnie ( 3 commandos) sera prise en embuscade et réussira sans appui extérieur à se dégager par des assauts successifs. Elle neutralisera une grande partie de l’ennemi (+ de 60 rebelles) au prix de 12 tués et de 20 blessés.
Je vous citerai un extrait de l’allocution que le colonel Jackie Neau a prononcé devant la tombe d’un de ses hommes , Eric ARONDEAU , Mort pour la France à Bedo, à 19 ans.
Vers 16 heures, revenant en véhicule de Bedo vers Kirdimi, tu trouvais une mort instantanée dans une embuscade avec onze camarades du 1er commando, huit autres étaient blessés plus ou moins gravement . Onze de nos armes étaient détruites par impact direct de balles et nos véhicules transformés en passoire.
« À la tombée de la nuit, vers 18 h, nos survivants du commando, contenant les assaillants au corps-à-corps étaient dégagés par les camarades de la CPIMa: les commando Raffenne, Beaufils et les éléments de commandement du capitaine Canal ».
Quel sens peut-on donner à ton sacrifice?
Ø «On lit, sur ta sépulture, que tu es «mort pour la France, mais notre pays n’était pas en guerre contre le Tchad, et la France, pour tes vingt ans , restait un concept bien vague...
Ø «Tu ne t'es pas sacrifié pour des raisons pécuniaires , car la faible solde de simple engagé parachutiste ne te permettait, même si tu étais logé, nourri et blanchi, que des plaisirs simples.
Ø «Tu n'es pas mort non plus pour la gloire, car les décorations à cette époque étaient distribuées avec parcimonie. De surcroît dans les médias, notre intervention militaire était occultée, voire volontairement décriée ; il n'était pas rare de trouver en France, écrit sur nos murs : « Paras français, assassins, hors du Tchad » !
Ø « Tu n’ es pas mort non plus dans la facilité, car cette guerre que nous avons connue n'était pas conçue à l'américaine avec force appuis et logistiques : la poitrine des hommes était le premier matériel utilisé.
Ø « En fait, je pense que tu as trouvé la mort pour tes propres convictions qui sont sans nul doute celles des Parachutistes, exprimées dans la Prière du Para.
Cher Éléphant Noir, c’est en souvenir de nos morts que nous sommes aujourd’hui rassemblés. Pour ne pas oublier, pour ne pas les oublier.