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Cérémonies commémoratives à Bayonne le 25 juin 2017

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Homélie du 25 juin 2017

Une fois de plus, nous sommes réunis pour prier : pour nos anciens tombés au champ d’honneur et en service commandé, pour nous-mêmes aussi. Nous sommes ensemble pour nous souvenir, pour faire mémoire, mais aussi pour réfléchir à ce que nous sommes aujourd’hui, à ce que nous vivons au quotidien.

Nous sommes tous des « anciens ». Posons-nous la question suivante : que signifie exactement « être un ancien » ? En regardant parfois quelques-uns dits « anciens », on a l’impression que leur statut d’ancien se résume à : souvenirs, radotages, gueuleton. Autrement dit, on remonte le Mékong dès qu’une occasion se présente, on raconte ou on se raconte des histoires, on amplifie et on embellit les exploits plus ou moins fictifs, on est content et une bonne bouffe s’impose en conclusion. Cela ressemble à un has been au sens de la médiocrité.

Chateaubriand disait : « L’aristocratie a trois âges successifs : l’âge des supériorités, l’âge des privilèges, l’âge des vanités ; sortie du premier, elle dégénère dans le second et s’éteint dans le dernier. » Cette sentence d’un de nos plus beaux représentants de la littérature française peut s’appliquer à nous, les anciens : l’âge d’intense activité, l’âge des acquis et des décorations, l’âge du Mékong.

A l’expression « être un ancien », je préfère celle de « vieux soldat » que m’a inspiré le chant de Jean Pax Mefret. Le vieux soldat, c’est celui qui revendique le respect, celui dont le sens de l’honneur reste intact, celui qui renoue en permanence avec sa vocation d’origine, celui dont le cœur bat toujours le même amour de la Patrie, celui qui n’a pas peur d’affronter le monde d’aujourd’hui, celui qui se moque de qu’en dira-t-on et des idées reçues, celui qui n’avale pas les fausses vraies « vérités » que nous servent les médias de la bien-pensance.

Le vieux soldat, quelle que soit la force physique de ses bras, demeure lucide face au monde de plus en plus hostile à la vérité et au courage ; ça lui fait mal, au vieux soldat, de voir la France livrée au mépris ; ça lui fait mal, au vieux soldat, toutes ces insultes, tous ces crachats ; le vieux soldat est prêt à se lever. Pour la France.

« Quand un peuple transformé par le temps, ne peut plus rester ce qu’il a été, le premier symptôme de sa maladie, c’est la haine du passé et des vertus de ses pères » (Chateaubriand, Mémoires, T 3, p. 357).

Vous connaissez tous mes origines polaks. Vous savez que « Je n’ai pas une goutte de sang français ; mais la France coule dans mes veines. »

Mon compatriote, le dernier grand pape Jean-Paul II avait posé un jour cette question : « De quoi avez-vous peur ? » Je vous la repose aujourd’hui : « De quoi avez-vous peur ? » Rappelez-vous les paroles du Christ de l’Evangile. « Ne craignez pas les hommes… Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme… Soyez donc sans crainte. » (Evangile du jour)

L’exemple du prophète Jérémie (7ème-6ème siècle ; Première lecture du jour) : Sa mission consiste à dire aux rois et à toutes les autorités politiques et religieuses leurs quatre vérités, des vérités pas toujours bonnes à entendre. Ces vérités tiennent en un mot : « infidélité », une infidélité qui ressemble à un adultère. Le peuple a oublié son Dieu. Et parce que le peuple a renié sa foi et mis sa confiance dans n’importe quels macaronismes, il s’expose à des catastrophes.

La seule crainte autorisée, c’est de manquer à la mission : « Craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps ». Car le mot « périr » vise un autre danger bien plus grave, celui de la mort spirituelle. Shakespeare avait dit que la prospérité et la paix produisent des couards. Autrement dit, des lâches et des trouillards. Quelqu’un qui vit trop longtemps dans un bien-être et un confort, devient sacrément ramolli. Avons-nous encore la force et le courage de penser et de dire notre immense amour de la France charnelle et éternelle ? Avons-nous la force et le courage d’appeler par son nom le Dragon de l’Apocalypse, qui, de nos jours, a pris la forme de la barbarie islamiste ? La barbarie nazie fut nommée, celle d’aujourd’hui ne l’est pas. Elle est noyée dans des périphrases bien trop générales (« les apôtres du néant, fanatiques en tous genres, extrémistes de toutes figures, jeunes radicalisés, racaille à capuche »).

Dans le même Evangile d’aujourd’hui, Jésus affirme : « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. »

Le prophète Jérémie l’a traduit à sa façon : « Mais le Seigneur est avec moi, tel un guerrier redoutable… »

ü  Messe célébrée par le Père Richard KALKA dimanche 25 juin dans l’église millénaire de Tarnos - une ancienne commanderie-hôpital des Chevaliers de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem

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